jeudi 26 août 2010

Lost in wild

Après réflexion, je vais zapper la partie de mes vacances en France(qui remontent déjà à longtemps pfou ça passe vite !) pour attaquer directement une petite balade effectuée à la suite de celles-ci. A peine rentré et pas encore remis de mes tribulations françaises que l'on me proposait d'aller tuer mes petits mollets lors d'une petite randonnée sur la côte. Comme je suis poli et que j'avais pas envie de me manger du décalage horaire sans rien dire, deux jours après avoir atterri à San Francisco, je refaisais mon sac pour aller crapahuter dans de la caillasse.

But du voyage cette fois-ci : arpenter environ 40 kilomètres de plage en trois jours avec tentes et nourriture dans le sac. Lieu : la Lost Coast. Ce bout de côte est appelée la côte perdue car elle est située loin de toute route aux alentours. Seuls points d'accès, deux parkings au début et à la fin de ces 40 kilomètres. Nous avons donc atteint l'un de ces deux parkings avec une voiture, montés à cinq dans la deuxième voiture du voyage et rallier l'autre bout de la piste. But : rejoindre la première voiture et en bonus : s'en prend plein les yeux.

Cette côte étant située à environ 3 heures de route de Berkeley, qu'il fallait faire un grand aller-retour sur une route qui ressemblait plus à une piste pour 4x4 qu'autre chose pour aller déposer la première voiture et que le samedi matin, des fois c'est dur, nous avons commencé la randonnée sur les coups de 14h30-15h. Et donc, qui dit côte dit plage (pas tout le temps je suis d'accord mais souvent quand même) et qui dit plage dit sable. C'est donc avec 15 kilos de matos sur le dos que nous sommes allés enfoncer nos pieds dans du très joli sable noir. Autant dire que ça défonce un peu les jambes de marcher dans le sable comme ça. Heureusement ce n'est pas du sable trop fin et juste à coté de l'eau, il est suffisamment épais pour ne pas céder trop profondément sous notre poids. Cela étant, les trois premières heures de randonnée passées et grâce au fait que la plage faisait une jolie courbe, nous pouvions toujours voir notre point de départ. Presque décourageant.

Enfin, à part me plaindre, je dois bien avouer que la côte en elle-même est superbe. Complètement désertique donc, puisque perdue, le retour à la nature est total et les nuages bloqués par les collines environnantes distillent une ambiance lourde et mystique, d'aucuns diraient Burtonienne. Premier arrêt vers 19h dans un "camping" situé dans une crique qui permet de s'éloigner de l'eau et ses marées et d'aller trouver un peu d'herbe pour pouvoir étendre son tapis de sol en espérant ne pas trop se ruiner le dos. Une petite heure passée à essayer de faire réchauffer un repas préparé la veille à base de légumes et de petits poulpes grillés (je n'ai pas choisi le menu, je vous rassure, je ne mange toujours que des burgers et des pizzas), à l'aide d'un réchaud car les feux semblent bizarrement interdits (chose que nous a appris un ranger présent sur le camping... enfin un ranger.. un homme des bois qui a dormi à la belle étoile, arborant une barbe de 15 mois et accompagné d'un chien qui semblait tout aussi que le propriétaire). Après ce long épisode du repas, nous nous endormîmes du sommeil du juste malgré le peu de distance effectuée en ce premier jour.

6h30, il fait froid, les nuages ont empli la crique, une légère bruine a transpercé la tente (dont nous n'avions pas le dessus anti-pluie... organisation quand tu nous tiens :D) pendant une bonne partie de la nuit, la lumière est là, mais le soleil n'est pas présent. Nous nous levons donc, un peu d'avoine réchauffée dans de l'eau bouillante fait office de petit déjeuner à mes camarades. Moi je ne peux pas.. L'avoine, ça dépasse mes capacités :D

Nous reprenons la route après avoir empaqueté nos quelques effets. Le sable laisse place à une partie plus falaise où nous sommes obligés de monter et donc de rejoindre une zone d'herbe qui longe la plage en hauteur. Du coup, la marche est plus simple et plus rapide. Nous avalons les kilomètres comme un écureuil mange ses noisettes. Les nuages sont toujours présents, on ne s'en débarasse pas comme ça, mais participent toujours à créer une atmosphère particulière et nous évite également accessoirement de mourir de chaud, donc on ne s'en plaint pas trop.

Le long de la route, nous avons également découvert un certain nombre de cadavres d'animaux marins venus s'échouer sur la plage pour finir leurs jours. Petit bilan : 3 phoques, un petit requin et un dauphin Risso (ça ressemble à une petite baleine, même nez et taille d'environ 3-4 mètres) horriblement éventré (la nature est cruelle, blablabla). A la crique où nous nous sommes arrêtés pour la deuxième nuit de camping, nous avons également trouvé un crane de cheval, comme quoi on trouve de tout et cette côte devrait plutot s'appeler la côte de la mort. Heureusement, la vie animale vivante est nettement présente aussi, avec les désormais traditionnels phoques qui jonchent les rochers, des loutres également dont une est venue nous régaler de ses acrobaties terrestres le deuxième soir et les collines alentours regorgent de biches et autres joyeusetés. Profitant d'une pause, je me suis éloigné un peu dans les collines et ai pu faire fuir un serpent... pas exprès bien sur, je me baladais gentiment quand pouf, un beau serpent s'est carapaté devant moi. Quand on sait que la zone contient de nombreux serpents à sonnette... bah on a un peu peur et on revient sur la plage dare-dare !

Le retour à la nature est donc confirmé par la vie animale qui nous entoure et on se régale de tout cela. Deuxième nuit après plus d'une vingtaine de kilomètres engloutis dans la journée, on aura bien profité du coucher de soleil, du son des vagues qui viennent battre inlassablement le sable épais. La nuit est réparatrice mais pas encore assez tout de même et la dernière journée qui sera pourtant assez rapide en termes de marche semblera interminable. Arrivée à la voiture malgré tout. Les sacs se déposent rapidement, les épaules se délient, les pieds récupèrent le ballon de foot contenu dans le coffre de ma voiture et quelques passes permettent d'éliminer le peu de reste d'énergie encore présent dans nos corps.

Un petit arrêt au Grocery store du coin pour acheter quelques victuailles revigorantes et direction Berkeley pour gouter enfin à un vrai repos et une vraie nuit de sommeil, dans un lit, à l'abri du vent, du froid et de la pluie. Raaah c'est vivifiant la Californie du nord :D