lundi 12 octobre 2009

I'm a little bit there

Il est des films qui marquent une vie. Il est des artistes qui ont une aura qui dépassent leur musique. Aujourd'hui j'ai envie de vous parler d'une combinaison de ces deux cas. J'ai envie de vous parler du film "I'm not there". Biographie plus ou moins romancée de la vie de Bob Dylan, ce film m'a marqué à plusieurs niveaux. Pour pouvoir en parler, il est nécessaire de présenter un peu ce film sorti il y a maintenant quasiment deux ans.

Prenant le parti d'utiliser la vie hautement trépidante et néanmoins pleine de profondeur d'un des artistes les plus charismatiques et prolifiques du vingtième siècle, le réalisateur va nous dévoiler le caractère à tendance schizophrène de Bob Dylan en utilisant en tout 9 acteurs différents pour différentes périodes de sa vie. Ces 9 acteurs se succèdent, se mélangent, se confondent et montrent chacun quelque chose de très différent. Au milieu de cette pléiade de talents, le pari d'utiliser une actrice se révèle être un pari totalement réussi et Cate Blanchett éclabousse l'écran de toute sa classe. Je n'aime pas spécialement cette actrice et un certain nombre de ses films m'ont semblé plats et ce, en grande partie, par l'interprétation de cette dernière. L'intensité de son jeu dans "I'm not there" me conforte un peu plus dans le fait que, bien encadré, un acteur donne vraiment la pleine mesure de son talent. La preuve : même le monolithique Christian Bale arrive à donner une version enthousiasmante du personnage, c'est dire !

Au-delà de ce mélange d'acteurs et ce pari très osé, je me souviens avoir passé le film à me dire que c'était construit bizarrement, qu'il y avait des longueurs et que l'on ne voyait pas bien ce que le réalisateur (Todd Haynes) voulait nous dire. Et là, le générique de fin vient se diffuser à l'écran et la lumière en moi se fait. Quelle claque ! Quelle émotion ! Quel personnage ! Quel film !

Alors, ça fait maintenant longtemps que j'ai vu ce film et donc tous les détails m'échappent un peu, surtout qu'il est tout de même chargé en événements un peu mélangés, mais ce qu'il m'en reste c'est un sentiment de plénitude mélangé à un sentiment d'illumination sur la manière d'appréhender la vie. C'est un peu pompeux, je l'avoue, mais sur le coup, c'est un peu le feedback que j'ai eu. C'en est suivi un bon mois ou deux à n'écouter que du Bob Dylan en boucle et à l'instar du groupe Pink Floyd, j'ai eu l'impression de redécouvrir tous les succès qu'il a pu enregistrés, de "Like a rolling stone" à "Knockin' on Heaven's door" en passant par "Blowin in the wind" ou "Tambourine man". Une fois passée la version que l'on écoute plus car on l'a trop entendu, j'ai pu me remettre vraiment à écouter cet artiste. Réécouter entièrement son oeuvre. Ces mois de redécouverte furent intenses et m'ont permis d'apprécier à sa juste valeur une personne qui a, à elle seule, réinventer la country et en somme créer la base d'une bonne partie de la musique actuelle.

Et ce film rend tout cela avec une vraie force et m'a personellement permis de me rendre compte de tout ce que j'avais pu rater et m'a permis d'apprécier les diverses facettes de ce personnage haut en couleurs.

Tout cela date d'environ deux ans maintenant. Et vendredi, un pote m'a permis de mettre une réalité sur un rêve en m'apprenant que Bob Dylan passait en concert ce week-end à Berkeley !!! Oui vous ne rêvez pas, j'ai pu acheter une place et aller voir en vrai ce mythe vivant !! Je ne pensais vraiment pas avoir cette chance de pouvoir approcher à ce point cet artiste qui a modifié ma vie et ma perception de l'artiste, de la liberté, de la vie.

Dimanche, j'ai donc approché le Greek Theatre de l'Université de Berkeley et me suis mêlé à la foule d'étudiants, d'anciens hippies et de simples amateurs de musique pour venir écouter cette légende. Le cadre était hautement sympathique puisque, comme son nom l'indique, il avait la forme d'un amphithéatre grec à ciel ouvert, rappelant le théâtre de fourvière pour les connaisseurs de la belle ville de Lyon. L'amphithéatre se remplit rapidement, mais laissa néanmoins quelques espaces ouverts. C'était le troisième soir de suite que Bobby jouait à cet endroit, mais tout de même... que ce ne soit pas plein m'a surpris ! Bref. Avec le petit quart d'heure de retard normal, le concert attaqua directement sans passer par la case première partie, mais bon ce n'est pas grave. Et là, donc, direct... le voilà.. ahlala quelle émotion ! Il est là ! A quelques dizaines de mètres... Je sais je fais pur fan-boy là, mais ça ne m'arrive pas tous les jours de croiser quelqu'un qui a réussi à me faire évoluer en profondeur...

Le concert dura environ une heure et demie, a proposé des versions bien modifiées de certains de ses plus grands succès et soyons honnêtes, n'était pas le meilleur concert auquel j'ai pu assister dans ma vie. Sa voix est complètement cassée, ses nouvelles interprétations de ses chansons ne sont pas forcément les meilleures réinterprétations possibles et il n'a surement plus l'énergie de tenir ce genre de shows. Mais voilà, c'est lui et puis on est à Berkeley, le repaire historique du mouvement hippie ce qui crée une ambiance particulière, alimentée par l'odeur persistante de marijuana pendant tout le concert. Le revival des hippies, et la présence de tous ces anciens fers de lance du mouvement donne l'impression d'avoir voyagé dans le temps. Donc, là où la qualité musicale n'était pas forcément, l'ambiance a permis de rattraper tout cela et m'aura laissé une empreinte incroyable.

Je vous invite donc tous à reprendre vos albums de Bob et à voir ou revoir "I'm not there". Vive Bob, vive les hippies ! Et vivement le prochain concert !!


1 commentaire:

  1. Heureux pour toi Matt, cela a dû être un gd moment :)
    L'émotion était palpable en tout cas :)

    RépondreSupprimer