lundi 24 août 2009

Inglourious Basterds.. really inglourious ?

Me revoilà pris au jeu de la critique et cette fois-ci, cela va s'avérer beaucoup plus complexe puisqu'il s'agit de celle du dernier film de Quentin Tarantino : Inglourious Basterds. Beaucoup plus complexe car je reste désespérément sans avis sur ce film ou plutot plein d'interrogations et donc je n'arrive pas à me fixer un avis sur ce film. Cela dit je peux vous faire partager mes interrogations. Oui car au final je suis sorti avec la grande, immuable et impénétrable question : pourquoi ?

Je m'explique. Quentin Tarantino nous livre ici un film sur la deuxième guerre mondiale ou tout du moins comme contexte extrêmement éloigné de la réalité, cette guerre. Alors je n'arrive pas à savoir pourquoi mais tous les films essayant de traiter de la seconde guerre mondiale m'ont toujours apparu comme ratés ou du moins inutiles. Que peut-on apporter dans un film de guerre ? Quel est le but d'un film de guerre ? Certains vont répondre la Mémoire (oui avec un grand M), rappeler quelles sont les conditions réelles d'une guerre, l'horreur que cela provoque. Je peux comprendre cette réponse en ne la partageant toutefois pas. Certes un film peut essayer de dépeindre les affres de la guerre... mais qui a envie de les voir ? Celui à même de réaliser l'horreur que cela représente a-t-il envie de se plonger là-dedans ? Qui plus est sur la seconde guerre mondiale qui est vraisemblablement le conflit le plus raconté et le plus vivace dans nos mémoires. A la limite, j'aurais plutot tendance à soutenir un film tel qu'Indigène qui avait à coeur de représenter une partie oubliée des soldats. Malheureusement, l'idée était très louable et a surement atteint son but par média interposé, mais artistiquement le film était très faible.

Au final, quels sont les films de guerre qui m'ont réellement touchés (car il y en a beaucoup en fait) : les films qui s'apesantisent sur un homme et non sur le conflit en lui-même. Le meilleur exemple de cela est le chef d'oeuvre Apocalypse Now qui n'est qu'un parcours initiatique de Martin Sheen prenant place au milieu de la guerre du Vietnam. Le contexte est important bien entendu, mais tout le film est tourné sur la relation entre Martin Sheen l'apprenti qui se dirige vers son maitre l'incomparable Marlon Brando. Ce film parle de la folie, de la servilité, des limites que peut atteindre un humain... C'est un de mes films préférés et son contexte n'est réellement qu'un décor. Il en est un peu de même pour Full Metal Jacket et Platoon, mais dans une moindre mesure tout de même.

Revenons-en maintenant au sujet de ce post. Dans quelle catégorie se situe Inglourious Basterds ? Et bien là est la question. Bien entendu, ce n'est pas un film historique. Ca se saurait si Quentin Tarantino se mettait à faire des films crédibles, non soyons sérieux, on est bien loin de ça et d'ailleurs personne ne s'attend à ça. Mais alors est-ce que l'on s'apesantit sur une personne, une psychologie, un destin ? Pas vraiment non plus... Mais là encore, ce n'est pas le style Tarantino de se limiter à un personnage et de le suivre de bout en bout (à part peut-être Kill Bill et encore). Alors on donne dans la déconne, le délire pur, les dialogues alambiqués, décalés et hilarants ? C'est surement cela dont il voulait se rapprocher le plus effectivement. Mais pas avec grand succès cette fois-ci. Et arrive donc cette question : pourquoi prendre la guerre comme décor ? Autant prendre des gangsters.. oui, suivant le caractère, c'est drole et puis de toute façon, il n'y a pas un cadre à suivre, aucune obligation, la liberté est totale. Mais une guerre... il faut suivre un tant soit peu le fait que les événements qu'il décrit prennent place dans un contexte existant, même s'il s'en débarasse vite fait. Il utilise les codes et la barbarie d'un film de guerre tout en voulant réaliser un film comique. Une espèce de Grande Vadrouille gore en fait.

Et nous en arrivons du coup à mon deuxième et surement plus gros problème : la violence. Soyons clairs, je ne suis pas contre les films violents et certains de ceux que je trouve les plus droles sont des films atrocement violents (c'est arrivé près de chez vous n'est pas par exemple de la plus grande innocence), mais là... on tombe régulièrement dans une représentation horriblement crue de la violence qui me soulève le coeur à chaque fois. Et malheureusement j'ai peur de voir directement dans le film le responsable de cette cruauté visuelle en la personne d'Eli Roth. Eli Roth est le nouveau chouchou de Quentin Tarantino depuis quelques années et cela nous a amené notamment à la création de cette sombre horreur qu'est le film Hostel. Le réalisateur de ce film gore (ainsi que de sa suite si je ne me trompe pas) n'est autre que ce petit nouveau. Révélé au grand public par le film Cabin Fever que j'ai eu la chance de ne pas voir, il s'est fait de suite repéré par Tarantino qui en a fait son protégé pour mon plus grand malheur. Tarantino aime travailler avec d'autres réalisateurs, cela se voit et se sent, notamment dans son interaction permanente avec Robert Rodriguez. Mais là où Rodriguez lui a amené de la fougue, de la folie et de la démesure, Roth lui a amené de la violence, du gore et l'horreur de la mutilation face caméra. Où est passée la violence subtile et suggérée de Reservoir Dogs ? Où est passée le passage au N&B de Kill Bill pour atténuer le visuel ? Non maintenant, et ce depuis Death Proof, tout est montré. Plus de suggestion. Plus d'imaginaire. De la réalité crue. Quel dommage... Et donc pour conclure sur ce triste personnage, il est devenu également un des acteurs récurrents puisqu'après une apparition éclair dans Death Proof, il est maintenant un des acteurs principaux du film et laisse apparaitre toute son influence sur le maître... virez-moi Eli Roth et rendez-moi Tim Roth (présent dans trois films de QT si je ne m'abuse et qui manque à cet univers).

Alors attention, on reste quand même dans un film de Tarantino et quelques scènes nous renvoient à nos bons souvenirs de ces films précédents, Mélanie Laurent se substituant à l'Uma Thurman de Pulp Fiction le temps de quelques plans, ou lors de scènes de discussion où la tension est palpable et dont le texte est néanmoins puéril et sans rapport avec les enjeux traités. Oui il nous le rappelle par moments, il est toujours là. Il est là, mais il n'a rien à dire.. rien à partager.. rien à nous faire vivre. Autant des histoires de gangsters qui se racontent la vie de Madonna par l'intermédiaire de la chanson Like a virgin, il sait faire, autant nous parler d'une guerre, il ne sait pas. Et c'est dommage à mon avis qu'il ait essayé.

Par contre, il est bien sur à noter la remarquable prestation de l'ensemble des acteurs, dont un certain nombre de français (c'est d'ailleurs amusant de regarder un film qui parle en français un bon tiers du temps tout en étant aux états-unis), de la qualité de la réalisation dans son ensemble (visuellement tout est maitrisé, tout est parfait), de la musique totalement tarantinesque qui donne le peu d'ame que j'ai réussi à trouver à ce film. Bref, techniquement, ce film est irréprochable. C'est la teneur du propos qui me dérange.

Je ne retiendrai donc vraisemblablement pas ce film dans ma mémoire, préférant laisser la place de choix que méritent ses autres films plutot que cette ode à la violence, malgré les quelques moments purement tarantinesques qu'il nous offre. Après, évidemment, chacun son opinion et chacun son sentiment. Qui plus est, ceci est une opinion à chaud et ce ne sont que rarement des opinions que je conserve sur le long terme (à part pour les films complètement ratés tels que GI Joe, parce que là quand même faut pas déconner non plus). Donc bon, tout est sujet à changement et j'ai hate d'avoir vos avis pour débattre de ceci.

9 commentaires:

  1. Bon le temps a un peu fait son oeuvre et je me dois donc de rajouter un peu quelque chose. J'ai été assez sévère dans ma critique sur ce film. La question "pourquoi avoir fait ce film" finalement trouve une réponse assez facilement. Comme il est écrit dans la plupart des critiques, je pense également que c'est juste un défouloir. Et finalement les scènes de dialogue qui font la marque de fabrique de Tarantino et qui finalement ne m'avait pas vraiment enthousiasmées sur le coup présentent un intérêt certain. Je me rends compte surtout que c'est surtout la violence visuelle qui m'a perturbée et gachée le film en quelque sorte. Après quelques scènes un peu gore, je redoutais uniquement l'apparition à chaque nouvelle scène de quelque chose de similaire. N'étant pas du tout fan de ce genre de choses, cela a induit une tension permanente pendant le film et un léger dégout de ce qui pouvait arriver (et qui arrive tout de même de temps en temps)... La violence suggérée peut me faire rire mais la violence montrée ne fait que me débecter. Pour un amateur de série Z et autres films gores, j'imagine que la perception n'est pas du tout la même. Mais ce n'est pas ce que j'apprécie au cinéma.
    Donc en un sens, je conserve un peu la même opinion négative sur ce film et notamment sur l'influence d'Eli Roth, mais j'ai envie de contrebalancer un peu mes propos par le fait que tout de même, exceptées ces scènes, le reste du film est de grande qualité et je le reverrai avec plaisir en occultant ma vision aux moments voulus.
    Vive la puissance des dialogues, vive la puissance de la suggestion et berk à l'exhibitionnisme de violence.

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  2. je sais que je suis bon public mais j'ai adoré ce film!! je l'ai trouvé drôle et décalé.tu parles de violence? je la trouve bien pire dans reservoir dog où je ne la trouve pas suggérée du tout(scène du flic attaché en train de se faire torturée)
    bref j'ai passé un super moment avec un jeu d'acteurs formidables et des dialogues parfois hilarants!! tu me connais j'ai un enthousiasme à toute épreuve.
    j'espère que tu vas bien, je t'embrasse bien fort

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  3. désolée pour les fautes d'orthographe!!

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  4. On va dire que c'est une violence plus psychologique dans reservoir dogs car certes y'a du sang, certes y'a des coups mais la partie la plus "organique" on va dire est plus ou moins squeezée. Par contre y'a clairement une tension psychologique palpable et, pour moi, jouissive. Ce qui, pour mon appréciation toujours, est le problème de IB puisque je suis vraiment rebuté par le coté "viscéral" du visuel.
    Bon un peu de spoiler, donc ceux qui veulent rien savoir, ne lisez pas, mais la scène où Eli Roth se défoule à la batte de base-ball sur la tronche d'un allemand est gerbante. Autant toute la préparation de la scène est géniale, avec les coups de batte dans le tunnel, je dis banco. Mais la fin... bah je ne peux pas... du coup je déteste cette scène alors que si tu coupes juste avant les coups, bah là je suis fan. Mais je répète, c'est une question de perception personnelle.
    C'est pour ça que j'ai du mal avec ce film. Sinon oui les dialogues sont très bien gérés, les acteurs sont dans l'ensemble très très bon (en particulier comme tout le monde le dit, l'acteur Christoph Waltz, l'ordure allemande) et tout le film montre l'énorme maitrise de QT sur ce qu'il fait. Rien n'est laissé au hasard.
    Je suis juste rebuté par l'image crue.
    Et sinon j'espère que tu vas bien aussi, ça fait plaisir de te retrouver :)

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  5. Du coup je n'ai pas lu la fin de ce post, de peur que tu n'en dises trop... cependant enfin un film dont je me dis que je vais pouvoir y mettre les pieds sans être affubler de scènes d'actions sans queue ni tête toutes les 30sec. (quelle santé ces acteurs!) A voir donc si la place de la guerre a réellement un tel intérêt...
    Sachant que je viens de voir dans l'avion Knowing et Wolverine, et dire que j'avais qq remords de les avoir ratés au cinéma! Foutaise! En réalité plus le film est plébiscité, plus il faut l'éviter! Pourtant fan d'action et de Science fiction!

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  6. J'avais pas assez déconseillé Wolverine sur mon blog pour que t'ais encore envie de le voir ?? Ah ben mince alors je donne pas encore un avis assez tranché... pourtant...

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  7. Rien que Christoph Waltz fait que ce film est un très bon film.
    Effectivement, je te rejoins sur l'aspect violent gratuit qu'il n'était pas nécessaire de tourner.
    Mais quand t'entend Brad Pitt parler italien, tu pardonnes presque tout :D

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  8. Ben désolé Mat, tes derniers posts coïncidaient avec mes vacs, et peut-être même qu'ils étaient postérieurs à mon aller... Sinon, je pense que tu es assez tranchant, difficile de faire plus, avec un brin de sarcasme que j'adore!

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  9. Je suis totalement d'accord sur Christoph Waltz qui a reçu je ne sais plus quel récompense (meilleur acteur à Cannes non ?) pour ce film. Il est grand, intense, charismatique. Merci à lui.
    Mais je répète, il y a plein de bonnes choses dans ce film. Je pense même que si on enlève les quelques scènes qui me gênent, je suis au taquet sur ce film (à la deuxième vision quand même). Mais voilà quoi...

    Et oui je suis tranchant car je n'ai pas envie de faire des critiques mollassonnes où à la fin on se demande : "mais alors j'y vais ou pas ?"
    Pour ma part, pour ce film : oui j'y vais, j'y retourne même, mais je sais à quoi m'attendre. Je sais qu'il y aura des scènes où il faudra que j'ai le coeur bien accroché, quitte à fermer les yeux un instant. Mais peut-on réellement passer à coté du nouveau film de Tarantino ? Je ne pense pas.. Aucune critique n'aurait pu m'empêcher d'aller voir ce film de toute façon. Après, il faut savoir se libérer de l'attachement pour le réalisateur et savoir quand est-ce qu'il va trop loin et qu'est-ce qu'il aurait pu, suivant son gout personnel, améliorer.

    Donc vive la critique tranchée :)

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